TEXTE DE LA COMMISSAIRE

Au-delà de leur médium de prédilection commun, Moridja Kitenge Banza et Marie-Danielle Duval travaillent tous·tes deux à l’élaboration de multiples narrations au travers du récit. De prime abord, leurs pratiques respectives s’alignent énormément quant aux couleurs utilisées. C'est toutefois en discutant avec les deux artistes que l’on comprend la profondeur de leurs personnages et les points de rencontre de leurs œuvres. À travers leurs explorations artistiques, Moridja Kitenge Banza et Marie-Danielle Duval réinventent et réinterprètent des récits puissants qui touchent à l'essence de l'identité et de la mémoire collective. 

Moridja Kitenge Banza réinterprète dans son travail des scènes historiques bibliques en changeant l’image qu’elles proposent. Faisant l’analyse du Livre de Judith et de sa force à rendre liberté à son peuple, Banza réimagine dans son oeuvre Judith tenant la tête Holopherne, cette femme non plus tant comme une adulte mais plutôt telle une enfant bravant des forces incommensurables pour sa génération et celles à venir. Judith, ici, représentant la petite fille de l’artiste, amène un angle plus personnel. Elle devient symbole d’une possibilité et d’une nouvelle histoire à raconter. 

Marie-Danielle Duval réimagine plutôt des moments à la lisière du fictif et du réel pris de plusieurs ouvrages littéraires d’autrices noires. Rendant hommage à des Toni Morrison et des Maya Angelou, elle reprend ces personnages, femmes, noires, sujet central de ces histoires, en les réinterprétant dans des scènes du quotidien. Bien que plusieurs de ces histoires ne soient que fictives, elles représentent un quotidien qui peut sembler anodin, mais qui reste néanmoins tout aussi politique dans sa simplicité. L’oeuvre Mascarade, raconte l’histoire d’une femme, Lula Ann Bridewell, personnage fictif du roman Délivrances de Morrison. La subtilité dont fait preuve Duval rend cette œuvre très intime pour celleux qui connaissent son histoire. Que l’on ait été grand·e lecteurice de Morrison ou non, l’artiste nous permet d’entrevoir un environnement dont les tons de bleus rappellent un milieu aquatique. En son centre, nous y trouvons une femme assise au regard soutenu dont l’expression mêle une certaine méfiance et une lueur de défi.

Banza, en transformant des scènes historiques bibliques avec une touche personnelle, et Duval, en réimaginant des moments littéraires à la frontière du réel et du fictif, créent des œuvres profondément ancrées dans les expériences et les histoires des communautés noires. Ensemble, leurs travaux invitent le public à reconsidérer les histoires qui façonnent notre compréhension du passé et du présent, tout en ouvrant des perspectives sur de nouvelles possibilités pour l'avenir.

BIBLIOGRAPHIE

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